Lapidaire



La montagne jurassienne est renommée pour ses forêts profondes, ses températures polaires et ses fromages. Une activité traditionnelle locale, assez ancienne puisqu’elle remonterait au XVIème siècle, reste paradoxalement méconnue : la taille des pierres fines et précieuses.

La meilleure raison à cela est que les lapidaires en exercice gardent certains secrets. Cependant, s’ils rechignent à dire où se trouve leur atelier, sans doute moins par peur des convoitises que par héritage d’une coutume tenace, ils sont plutôt bavards quand vous leur posez les bonnes questions sur ce qu’ils font au quotidien. Ce sont des passionnés.

Facetter les pierres d’un bijou qui sera porté par quelque acquéreur (très) fortuné ne se fait pas sans maestria ; les procédés et savoirs-faire nécessaires à cet art sont longs à acquérir et surprenants.
Mais au-delà des aspects techniques du métier, si un lapidaire vous parle de son travail, vous percevrez presque toujours cette pointe de fierté, venant d’un double ancrage, à la fois territorial et social. Car dans le Jura, être lapidaire, c’est généralement poursuivre une tradition familiale et appartenir à un territoire unique qui, pour des raisons autant politiques que biogéographiques et agricoles, a vu naître les premiers tailleurs de rubis.

Les anciens vous apprendront qu’à une époque où la norme des campagnes voulait que les vaches d’une ferme ne soient qu’une poignée, une autre activité rémunératrice était indispensable. L’hiver, avec la neige qui couvrait tout le pays et l’étable qui abritait le petit troupeau, la vie se passait à l’intérieur et bien au chaud. Là, devant une petite fenêtre, on taillait des rubis pour des horlogers suisses et des émeraudes pour des joaillers parisiens.

Aurélie est lapidaire depuis une quinzaine d’années et travaille dans le même atelier que son oncle, dans une petite commune au cœur du Haut-Jura. Avant elle, sa mère a été lapidaire, comme sa grand-mère. Aujourd’hui, l’activité traditionnelle est devenue un métier d’art. Le gagne-pain d’autrefois est dépoussiéré et c’est ce qui enthousiasme Aurélie. Les pierres qui passent par l’atelier dans lequel elle travaille sont destinées à la haute joaillerie et iront orner des bijoux uniques vendus dans le monde entier…