Dans le bois, les passereaux – mésanges, bouvreuils et grives – font ce qu’ils savent faire de mieux : il chantent, sifflent et sont légers. Aux notes des oiseaux s’ajoutent celles des petits grelots qui approchent. Les voix et les vents finissent par être couverts par les percussions, de plus en plus fortes ; deux d’entre elles, sûrement de calibre 12, mettent le chef d’orchestre au tapis. La symphonie devient cacophonie.
Parmi toutes les interactions directes que nous avons avec la nature et notre environnement en général, c’est sans doute la chasse qui m’interpelle le plus. Je n’ai cependant aucun attrait pour la traque, aucune admiration pour telle race de chien et surtout, en tant que « rural », je n’ai aucune ambition d’appartenir à un groupe de chasseurs ni de donner la mort à un chevreuil.
Cette perplexité tient au fait qu’à l’échelle planétaire et sans exception locale, nous évoluons dans des espaces naturels dégradés par nos autres rapports à la nature. On extrait, on exploite, on pollue, on s’étale, jusqu’à générer une érosion de la biodiversité sans précédent et changer irrémédiablement et continuellement le climat de la Terre.
Alors pourquoi, malgré cet état des lieux et la gravité de la situation, continuer à exercer une activité – une passion, un loisir, un passe-temps – qui, in fine, consiste à tuer davantage d’animaux sauvages ?
Ce questionnement en amène d’autres, liés à notre rapport au vivant, à la science, à l’agriculture, au sauvage, à l’assiette, à nos atavismes. Chacun s’interrogera donc à l’aune de ses préoccupations, de ses convictions et de ses connaissances.
Cet ensemble est en noir et blanc, comme une évocation que l’animal chassé est le plus souvent monochromate ; sa vision ne lui permettant pas de faire la différence entre le vert kaki de la tenue d’un chasseur et l’orange fluorescent qui la garnit. C’est aussi une forme unique pour rappeler l’universalité de la pratique de la chasse : que l’on parle d’une baleine aux îles Shetland du Sud, d’un ours en Terre de Baffin ou d’un renard en Bourgogne, la violence et le dénouement sont les mêmes. Quand la Vie s’éteint, la couleur disparait.